Salut passant qui s’arrête devant moi. Voici mon histoire en quelques mots ou en plusieurs pages.
Je suis le dernier témoin – Oh ! Avec l’horloge aux dauphins et quelques balcons en fer forgé – d’un bel hôtel particulier comme il y en a encore tant dans le Marais.
L’hôtel dont j’étais l’entrée a été édifié sur les terrains lotis par François 1er ; ce roi, à court d’argent, a vendu le domaine qui avait abrité l’Hôtel Saint-Pol dont son ancêtre Charles V avait fait sa demeure deux siècles plus tôt.
C’est Paul Ardier (1563-1638), Trésorier de l’Épargne d’Henri III puis d’Henri IV qui m’a fait bâtir en 1604 « entre cour et jardin » créant alors cette disposition si souvent reprise. J’ai été parmi les tout premiers hôtels construits dans le quartier. Mon plan ressemblait beaucoup à mon contemporain, l’Hôtel de Sully, avec au premier étage une salle de réception aux plafonds moulurés et des chambres s’ouvrant sur le jardin bordant la rue du Petit-Musc et même une chapelle.
Jusqu’à la Révolution les héritiers de mon bâtisseur s’y sont succédés, mais le dernier aristocrate ayant émigré et combattu dans les armées royalistes, je fus « partagé avec la Nation ».
Ce n’est qu’en juin 1810 que Jean-Louis Raoul (1751-1844), un industriel ayant fait fortune en fabriquant des limes d’une qualité incomparable, m’acheta et inscrivit fièrement son nom à mon fronton. Il y installa quelques ateliers. Ses héritiers n’eurent guère d’égards envers moi, me surélevèrent de plusieurs étages. Eh oui, je perdis alors beaucoup de mon lustre.
Tant et si bien que vers 1960 on décida de m’abattre pour construire un immeuble tout neuf pour reloger mes habitants. Mais, en me démolissant, ma beauté intérieure reparue et l’Architecte des Bâtiments de France intervint ; mais il était trop tard, il ne put sauvegarder que ce portail. J’ai été, je crois, le dernier hôtel particulier à subir ce sort avant que la loi Malraux ne sauve mes contemporains.
Me voici devant vous, bien miséreux. Récemment, en décembre 2021, les élus de Paris ont enfin voulu s’occuper de moi. Ils ont chargé l’association « Le portail de l’Hôtel Raoul » de réunir les fonds et les compétences pour me redonner ma splendeur d’antan. Cette cure de jouvence accomplie, la Ville de Paris m’accueillera et m’entretiendra pour le restant des temps.
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Hello passerby who stops in front of me. Here is my story in a few words or several pages (in french, sorry).
I am the last witness - Oh! With the dolphin clock and a few wrought iron balconies - of a beautiful private mansion like there are still so many in the Marais.
The mansion of which I was the entrance was built on a land lotted by François the 1st; this king, short of money, sold the estate that had housed the Hôtel Saint-Pol, which his ancestor Charles V had made his home two centuries earlier.
It was Paul Ardier (1563-1638), Treasurer of Savings for Henri III and then Henri IV, who had me built in 1604 “between courtyard and garden” thus creating this layout so often used. I was among the very first mansions built in the area. My plan was very similar to my contemporary, the Hôtel de Sully, with on the first floor a reception room with molded ceilings and bedrooms opening onto the garden bordering the rue du Petit-Musc and even a chapel.
Until the Revolution the heirs of my builder succeeded one another here, but the last aristocrat having emigrated and fought in the royalist armies, I was "shared with the Nation".
It was not until June 1810 that Jean-Louis Raoul (1751-1844), an industrialist who made his fortune by manufacturing files of incomparable quality, bought me and proudly inscribed his name on my pediment. He install a few workshops there. His heirs having hardly any respect for me, raised me several floors. Yes, I then lost a lot of my luster.
So much so that around 1960 it was decided to tear me down to build a brand new building to rehouse my inhabitants. But, by demolishing me, my inner beauty reappeared and the Architect of the Buildings of France intervened. It was too late, he could only save this portal. I was, I believe, the last mansion to suffer this fate before the Malraux law saved my contemporaries.
Here I am in front of you, very miserable. Recently, in December 2021, the elected officials of Paris finally wanted to take care of me. They instructed the association “Le portail de l’Hotel Raoul” ("The Portal of Hôtel Raoul") to gather the funds and the skills to restore me to my former splendor of the past. This rejuvenation well completed, the City of Paris will welcome me and maintain me for the rest of the time.
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Dernière mise à jour le 15 juin 2024